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Édito

Le paradis des multimillionnaires

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Richard Lebon

À Maurice, l’on compte le plus grand nombre de millionnaires en dollars par kilomètre carré que n’importe où dans la région de l’Afrique subsaharienne. L’Africa Wealth Report 2024 compilé par les bons soins de Henley & Partners révèle que la croissance du nombre de personnes fortunées vivant sur notre territoire est plus rapide qu’anticipé.

Au total, le pays recensait 5 100 personnes fortunées, soit celles ayant un patrimoine d’au moins 1 million de dollars en 2023, contre 4 900 l’année précédente. L’on comptait également 15 centi-millionnaires (+100 millions de dollars) contre 10 en 2022.

Alors qu’il ne dispose d’une population de seulement 1,2 million d’âmes, Maurice se classe en sixième position dans le classement de Henley & Partners. La première place est occupée par l’Afrique du Sud qui recense 37 400 millionnaires pour une population de 62 millions d’individus. Elle est suivie de l’Égypte (15 600 millionnaires), du Nigeria (8 200), du Kenya (7 200) et du Maroc (6 800).

Ce n’est pas tout : avec sa population d’à peine 12 000 habitants, le village côtier de Grand Baie se hisse à la 19e place des cités les plus riches d’Afrique, recensant 900 millionnaires et 5 centi-millionnaires, soit une croissance vertigineuse de 95 % de 2013 à 2023. Un appartement de haut standing de 200 à 400 mètres carrés à Grand Baie coûte 5 000 dollars le mètre carré. C’est la deuxième cité le plus chère derrière Cape Town, où les résidences luxueuses sont évaluées autour de 5 600 dollars le mètre carré.

Sur la prochaine décennie, Maurice devrait enregistrer une croissance de 95 % du nombre de millionnaires. Il s’agit de la meilleure performance à l’échelle de l’Afrique attendue par Henley & Partners. Celle-ci sera rendue possible grâce à un niveau de gouvernance stable, un régime fiscal attrayant et les voies de migration que le pays offre pour attirer les investisseurs mondiaux.

Nos bons scores dans le classement de Henley & Partners sont, en grande partie, le résultat de la politique d’ouverture enclenchée depuis les années 70 et qui s’est accélérée avec la création de l’offshore en 1992 et l’introduction de l’Integrated Resort Scheme en 2002. Aujourd’hui, le pays ne compte pas moins de 12 000 expatriés. Originaires de France, d’Afrique du Sud, d’Allemagne ou encore du Royaume-Uni, ils sont détenteurs d’un Occupation permit, d’un Residence permit, d’un Young professional occupation permit et d’un Permanent residence permit qui leur permettent d’investir, de travailler, de vivre ou de prendre leur retraite chez nous.

Au vu des problématiques d’insécurité en Afrique, Maurice est bien parti pour devenir la terre d’accueil des grosses fortunes. Outre un niveau de risque politique et de risque sécuritaire relativement bas par rapport au reste du continent, le pays peut s’enhardir d’avoir bâti un écosystème financier particulièrement robuste, comprenant des sociétés financières et des banques réputées. Car ce que recherchent les grosses fortunes, c’est aussi une juridiction où elles peuvent déposer et faire administrer leur fortune sans crainte d’être spoliées. C’est d’ailleurs pour des raisons sécuritaires et d’instabilité politique que l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigeria, les trois pays africains abritant le plus grand nombre de millionnaires dans le classement de Henley & Partners, ont enregistré une décroissance de -20 %, -22 % et -45 % respectivement sur la période 2013 – 2023. Du reste, il est connu que bon nombre d’investisseurs sud-africains préfèrent constituer leurs sociétés dans notre juridiction plutôt que dans leur pays.

Par ailleurs, l’intérêt des grosses fortunes pour notre juridiction devrait, à l’avenir, dynamiser encore plus le marché de la gestion de patrimoine onshore et offshore. Il faut savoir que ces dernières années, le centre financier international de Maurice est devenu une destination privilégiée pour la gestion patrimoniale des grosses fortunes et les family offices qui cherchent à diversifier leurs portefeuilles. Ils ont notamment été encouragés par le renforcement de notre cadre juridique pour réglementer le fonctionnement des trusts. Ainsi, le Trust Act adopté en 2021 est venu rassurer les grosses fortunes sur le fait que sous la législation mauricienne, les fiducies peuvent être utilisées comme un véhicule pour la protection de leurs actifs, notamment contre les créanciers et les réclamations légales, mais aussi pour la planification de la relève d’entreprise permettant ainsi le transfert de la propriété et du contrôle de leurs entreprises aux générations suivantes.

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